Trois femmes

 

« Trois femmes » de et mise en scène par Catherine Anne au théâtre du Lucernaire est une comédie à la Marivaux, où trois générations dialoguent dans le langage de la conversation.

 

affiche1, 2, 3 le temps passe…

Inexorablement les heures et les jours passent pour ces femmes liées dans une histoire de la condition humaine où l’on avance doucement, chacune à son rythme, vers une finalité à construire.

Nous sommes dans l’appartement d’une riche propriétaire, au sixième étage d’un immeuble bourgeois, celui de Madame Chevalier, qui se voit attribuer par sa fille, avec qui elle est en froid depuis des décennies, une auxiliaire de vie, fraîchement diplômée : Joëlle.
En froid…on peut se poser la question : comment a-t-elle fait pour dénicher une auxiliaire de vie à sa mère ?…
Un appartement avec une immense rosace qui fait penser à un cadran d’une horloge ou à celle du musée d’Orsay, dont la vue domine tout Paris.

Joëlle sonne chez Madame Chevalier, elle arrive le sourire aux lèvres et aura pour mission de la garder la nuit ; cette dernière, au caractère bien trempé, ne mâche pas ses mots, pour être plus précis, elle est odieuse.

web_3femmes-257Le premier contact est glacial. Si Joëlle n’avait pas eu besoin de cette place, elle aurait fait demi-tour dès les premières minutes tellement sa nouvelle patronne, au vu de ses remarques plus que désobligeantes, mériterait de rester seule, seule avec ses pensées, ses regrets, sa solitude.
Mais les aléas de la vie lui ont fait bénéficier d’une reconversion pour laquelle elle ne peut pas, à son âge, refuser l’opportunité de travailler.
Une femme de condition modeste, qui sait rester à sa place dans ce monde où l’argent coule à flot et qui ne lui fait pas perdre la tête. Elle sait se contenter des petits bonheurs que la vie lui apporte et à la moindre occasion elle touche du bois pour conjurer le sort et appeler la chance.

Elle demeure dans son pavillon modeste, séparée depuis fort longtemps de son mari, avec son nouveau compagnon Hamed. Sa fille Joëlle et sa petite fille vivent avec eux depuis plusieurs mois, une mère à son tour qui est en recherche d’emploi et commence à vouloir revendiquer son indépendance…

Trois femmes, trois générations, trois visions de la vie qui s’additionnent. Chacune vit pleinement son époque, compte tenu de son éducation. Cette frontière des classes existe et il faut faire avec…quoique…

1,2,3 le temps passe…

web_3femmes-170Quelques minutes après l’arrivée de Joëlle chez Madame Chevalier, arrive une jeune fille qui semble déterminée à vouloir donner un tournant favorable à sa vie : saisir une chance qui peut-être ne se présentera pas une seconde fois.
Le dialogue s’installe entre ces trois femmes aux destins maintenant mêlés.

Chacune va devoir composer pour continuer son chemin de vie, pour accepter la présence de l’autre et comprendre pourquoi elles s’affrontent dans des situations où les quiproquos se négocient avec les mensonges qui foisonnent chacun leur tour.

Les certitudes volent en éclat tout comme les vérités : dans cette histoire, à chacun sa vérité avec une furieuse envie de vivre !
Un trio de choc pour cette comédie aux dialogues piquants et tendres à la fois, aux rebondissements rocambolesques.

1,2,3 le temps passe…

Cette Madame Chevalier également grand-mère, a été privée depuis trop longtemps de la présence de sa petite fille, qui poursuit au moment présent ses études aux Etats-Unis. L’occasion, avec l’arrivée inopinée de cette jeune fille, de jouer à la grand-mère et de retrouver un élan de jeunesse, de laisser libre cours à son imagination, à sa générosité bien enfouie sous les couvertures.

Catherine Anne a écrit cette comédie avec une sensibilité empreinte d’humour, où les bouffées d’oxygène viennent rivaliser avec les rires, ponctuée par la musique d’Emilie Juin.
Evoluant dans un décor d’Elodie Quenouillère, sa mise en scène est précise, ludique, jouant d’un espace à l’autre avec ses passerelles dans le temps.
Elle dresse un portrait de ces trois femmes qu’elle a écrit en 1999 et qui frappe, qui résonne par son actualité brûlante.

web_3femmes-116Elle s’est entourée de trois comédiennes remarquables avec en premier lieu Catherine Hiegel, que l’on ne présente plus, dernièrement aux côtés de Pierre Palmade dans « Le lien » au théâtre Montparnasse.
Rien n’est laissé au hasard dans son jeu, chaque geste, chaque parole, chaque silence, a son importance. Un jeu subtil et précis à la fois. Elle nous impressionne de la colère à la joie qu’elle revendique avec son œil rieur et glaçant. Une comédienne à la modestie redoutable, toujours au service du texte.

Clotilde Mollet, une habituée de ce genre de rôle, que l’on avait remarquée l’année dernière déjà au Lucernaire dans « De si tendres liens » de l’intemporelle Loleh Bellon. De la relation mère-fille, elle est passée à la relation employée-patronne, mais toujours dans une histoire de femmes. Avec générosité, elle endosse le rôle de cette femme lucide mais perdue dans des situations qu’elle subit, qu’elle ne contrôle pas et c’est bien là son problème. Un visage, un jeu à la douceur réconfortante.

Milena Csergo est la jeune fille qui vient bousculer avec fraîcheur le train-train de la vie de ses partenaires ; son impulsivité, sa fureur de vivre emportent dans un tourbillon de cocasseries les deux autres femmes qui croisent sa vie, son destin.

La vie est faite de choix. Des choix qui nous questionnent sur notre rapport à l’argent, à la vieillesse, la solitude et pourquoi pas la mort.

 

« Trois femmes » au Lucernaire, du mardi au samedi à 19h, matinée le dimanche à 16h, jusqu’au 05 janvier 2020.
Rencontre avec l’équipe artistique le vendredi 13 décembre à l’issue de la représentation.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close