Ballet national du Portugal & Compagnie Illicite Bayonne

Un moment de grâce, d’émotions, sur la scène du théâtre Michel Portal à Bayonne avec la Compagnie Illicite Bayonne et le Ballet national du Portugal nous a été donné de recevoir lors de ces ballets qui ont enthousiasmé le public.

Pas moins de quatre ballets ce soir pour fêter dignement la danse !

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En ouverture, c’est dans un rythme de folie très coquin que le ballet « Meninos », créé en 2015 par la Compagnie introdans, chorégraphié par Mauro de Candia, et recréé ce soir par la Compagnie Illicite Bayonne sous la direction de Fábio Lopez, nous a donné le vertige par tant de maestria.

Du corps, de la grivoiserie, beaucoup d’humour, dans de très beaux costumes évocateurs de Dorothée Laurent que les danseurs au son des castagnettes, ont toréé ce taureau indomptable ; essayant par tous les moyens, dans une fougue mesurée, de lui faire rendre l’âme. Des paso-doble à la cape virevoltante dans un burlesque assumé aux nombreuses facéties ont conquis le public friand de cette envolée musicale au son d’un Carmen d’un rouge vif revisité par cette fleur buccale à la fantaisie maîtrisée et de ces larmes de sang coulant des projecteurs témoins de cette passionnante tauromachie endiablée mise en lumières par Berry Claassen. Georges Bizet était à la fête et nous aussi, entourés d’Océane Giner, Salomé Goualle, Manon Pedeboscq, Nina Pham, Florian Carer, David Claisse, Emmanuel Co’ et Thomas Donat.

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Poursuivons avec un pas de deux à la connotation animale qui nous trace un chemin vers le désir qui donne, sublime la vie. Sur une musique très rapide, syncopée, de Maria del Mar Bonet d’après M.J. Berberian ce ballet « Cor Perdut » créé en 1989 par le Nederlands Dans Theater 2, chorégraphié par Nacho Duato, et remonté ce soir par la Compagnie Illicite Bayonne, donne le frisson par la légèreté d’exécution. Il est magnifié par Nina Pham et Florian Carer, enveloppés dans les costumes vaporeux de Nacho Duato. Dans ce désert tunisien, le sable s’envole sur les pas complices, évocateur d’une sensualité placée dans une chorégraphie au cordeau. Un travail magnifique aux mouvements enveloppants digne d’un Maurice Béjart.

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C’est avec un nouveau pas de deux que la soirée se poursuit avec la domination d’un piano qui met en exergue deux hommes au tempérament fougueux. David Claisse et Emmanuel Co ‘, sans une fausse note s’accordent pour nous livrer une version très physique de ce ballet « Les indomptés » créé en 1992 par le Jeune ballet de France, chorégraphié par Claude Brumachon & Benjamin Lamarche et monté en avril dernier par la Compagnie Illicite Bayonne. Sur une musique de Wim Mertens agrémentée des jeux de lumières d’Olivier Tessier nos deux danseurs, écorchés vifs, se livrent dans un duo, un duel, à s’enivrer jusqu’à plus soif. Ces indomptés fuient sans cesse leur existence, à la recherche du temps perdu où l’animal rejoint l’humain sans trop savoir lequel domine l’autre. Une exécution parfaite qui donne des vibrations jusqu’au bout des extrémités.

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Pour conclure cette soirée majestueuse par ces interprétations d’une jeunesse au service de cet art noble de la danse, le ballet « Avant qu’il n’y ait le silence » (celui que nous retrouverons hors de ce théâtre, en pensant à cette soirée qui marquera nos esprits), créé en mars 2023 pour le Ballet national du Portugal dirigé par Carlos Prado, chorégraphié par Fábio Lopez, nous emporte dans un élan de communion aux effets effervescents d’une troupe où les ensorcelants pas de deux se mélangent aux compositions groupées à la sensualité débordante. Avec les sublimes costumes de José Antonio Tenente, la musique de Gavin Bryars impose ses cordes stridentes qui dérangent, enrayent cette atmosphère de recueillement. Dans un tourbillon à la tentation provoquée, les rapprochements s’effacent devant ces étreintes qui se cherchent, se trouvent, disparaissent pour laisser les cycles de la vie s’imposer dans ce monde en pleine mutation où l’humanité cherche sa place. Une remarquable composition foudroyante de Fábio Lopez qui au fil des ses chorégraphies impose son talent, sa passion pour cet art qui le fait vibrer, vivre. Mariana Ferreira, Inês Ferrer, Raquel Fidalgo, Leonor de Jesus, Patricia Main, Gonçalo Andrade, Paolo Ciofini, João Costa, Aeden Pittendreigh et Miguel Ramalho sont les danseurs de ce ballet au charme néoclassique, aux pointes acérées, qui ne laisse pas nos yeux et nos oreilles indifférents.