Marie des poules

 

 

« Marie des Poules » de Gérard Savoisien au théâtre du Petit Montparnasse dans une mise en scène d’Arnaud Denis est un voyage extraordinaire dans la province berrichonne où naissent les amours, la vie, la destinée de la petite Marie.

 

afficheUne nouvelle fois, après son remarquable et inoubliable « Mademoiselle Molière » (Cliquez), le tandem Savoisien – Denis fait mouche dans son écriture et sa mise en scène ; et cerise sur le gâteau Arnaud Denis fait partie de la distribution.
Un superbe texte où chaque respiration de cette petite Marie et muflerie de ce Maurice Sand nous emportent dans le délice d’un spectacle bien construit et bien réalisé.

Béatrice Agenin, maîtrisant la scène comme personne, réussit l’exploit d’être à la fois Marie et George à tous les âges sans que cela ne paraisse incongru ou voire même déplacé.

Dès la première scène, Béatrice Agenin illumine le plateau et par son regard et son sourire nous hypnotise pour nous faire entrer dans une autre dimension : celle du plus pur délice d’être un spectateur comblé, ceci jusqu’à la dernière minute.

mdp 1Nous visitons via une belle maquette de Nohant, la demeure de George Sand, dans laquelle les différentes étapes de la vie de Marie des poules vont se jouer.
Marie Caillaud, de son patronyme, fille de tisserand, montra très vite des signes d’une vive intelligence et George Sand, la femme libre par excellence, l’a pris sous son aile à onze ans, à son service, et transforma sa vie à jamais.

Analphabète, mais heureuse de croquer la vie à pleines dents, elle apprit grâce à son esprit vif et sa mémoire prodigieuse très rapidement à lire et à écrire, la libérant ainsi du carcan réservé aux domestiques.
Elle entra, au détour des soirées données par George Sand, dans le grand monde par la petite porte au risque par sa naïveté de se brûler les ailes, et fréquenta les intellectuels qui séjournaient à Nohant.
Elle croisa la route de peintres ou écrivains célèbres comme Delacroix, Flaubert, Alexandre Dumas, et bien d’autres « nobles personnes » qui pavoisaient sur la scène parisienne, poussant la curiosité jusqu’à « participer » aux conversations.mdp 2
Au milieu de tout ce bel étalage de sommités, la joie de vivre de Marie, montrant un vif intérêt pour le théâtre, rayonnait sur scène dans les différents rôles que George Sand lui confiait au fil de ses pièces de théâtre aux succès reconnus.

Mais elle restait une domestique, bien que devenue gouvernante, à la merci de Maurice, le fils chéri de George Sand, aux pulsions difficilement contrôlables. Un fils qui de nos jours aurait fort à faire avec la justice tant son comportement défraierait la chronique.
Sa muflerie n’a d’égal que son amour pour Marie, un amour partagé qui fit des ravages, bien au delà de Nohant.

Une vie riche racontée avec moult anecdotes, qui ravissent nos oreilles, pour voir sous nos yeux s’épanouir une petite fille de la province berrichonne, à l’accent fort prononcé, prendre son envol vers la liberté : de soumise elle devient libre grâce à l’instruction, rayant ainsi le mot « ignorance » de son vocabulaire.

mdp 4Dans le splendide décor de Catherine Bluwal aux atmosphères changeantes par les lumières raffinées de Laurent Béal, Arnaud Denis qui m’avait ébloui avec sa mise en scène de « Une vie » (Cliquez) avec Clémentine Célarié, à l’imagination débordante, assisté de Georges Vauraz, signe une mise en scène aérienne aux sonorités rocailleuses soutenues par celles de Jean-Marc Istria et les notes mélodieuses de Schubert & Chopin.
Il est magistral, élégant, subtil dans ce rôle de Maurice et délicat jusqu’au salut. Des marionnettes de Julien Sommer, il donne vie à ce couple chahuté par la vie, à la recherche du bonheur.

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Béatrice Agenin, inoubliable récemment dans « Suite française » (Cliquez), qui a commandé cette pièce à Gérard Savoisien, lui rappelant ses origines berrichonnes, est époustouflante dans sa présence et bouleversante jusqu’au bout des doigts, jusqu’à la dernière réplique.
Elle rayonne en Marie des poules, interpelle en George Sand, elle passe d’un rôle et d’une voix à l’autre avec une aisance déconcertante.

 

 

Une réussite totale pour cette magnifique histoire de « Marie des poules » qui n’engendre pas la mélancolie et qui vous fait aimer le théâtre et la liberté dans ce qu’elle a de plus noble.

 

« Marie des poules » au théâtre du Petit Montparnasse, du mardi au samedi à 19h, matinée le dimanche à 17h.

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