Rapides

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« Rapides » un ballet chorégraphié par Bruno Benne dans le cadre du festival Le temps d’aimer la danse sur la scène du Théâtre du Casino de Biarritz : une multitude de jets d’eau multicolores qui nous inondent de plaisir.

De la flamboyance de la musique de Georg Friedrich Haendel avec ses trois suites orchestrales baroques dites « Water Music », contemporain de Jean-Sébastien Bach, arrangées par Youri Bessières, aux pas précis des danseurs, il en résulte des frissons dans lesquels nous nous perdons, renvoyant notre image dans ce miroir d’eau qui se dessine sous nos yeux captifs. Des yeux qui de son époque, au siècle des lumières, avaient fait chavirer ceux du roi George 1^er de Grande-Bretagne, pour qui les deux premières suites avaient été composées.

Un chef-d’œuvre qu'on ne se lasse pas d’écouter, mis en beauté par cette chorégraphie à la parité dansante, en deux tableaux. Pour mieux nous imprégner de l’atmosphère, comme les cinq femmes et cinq hommes qui attendent sagement leur apparition sur le miroir d’eau, nous écoutons l’introduction de ces suites, absorbés par tant d’impatience de voir ces jets d’eau s’animer dans cette procession qui s’annonce grandiose.

Une chorégraphie de Bruno Benne, spécialiste de la musique baroque, qui se veut millimétrée, où chaque pas, chaque geste, vient dans une fluidité déconcertante s’emboîter dans une précision d’un mécanisme d’une horlogerie suisse.

Un travail de toutes les articulations dans des élévations à la beauté aérienne, un déploiement des figures géométriques aux lignes parfaites, de l’allegro au largo dans des solos aux multiples combinaisons, avec ses rounds d’observation menant à la rencontre, cette jeunesse à l’énergie décuplée nous transporte dans un autre monde.

Le tempo très rapide de ces suites orchestrales baroques ne laisse pas les danseurs sur la touche, juste le temps autour du plan d’eau mis en relief par les lumières d’Olivier Nacfer, de reprendre leur souffle pour entamer le deuxième tableau qui se veut encore plus scintillant, pétillant.

La meute se met en mouvement dans un rythme animal, dans un travail de groupe presque effrayant, pour se repositionner sur les lignes interminables de ce tableau baroque qui nous hypnotise, nous étourdit, avec en arrière plan la puissance des cuivres qui résonnent dans ce ciel étoilé.

Un final des plus joyeux, des plus festifs, dans une créativité, une inventivité qui nous laissent sans voix, vient clore ce ballet étourdissant salué par une ovation debout plus que méritée.

Polonie Blanchard, Gaspard Charon, Alix Coudray, Odéric Daluz, Océane Delbrel, Louis Macqueron, Catarina Pernao, Anthony Roques, Carlo Schiavo, Anaïs Vignon de la Compagnie Beaux-Champs sont les brillants interprètes de cette pièce d’eau aux splendides couleurs baroques et aux reflets enivrants.

« Rapides » sur la scène du Théâtre du Casino de Biarritz, le 13 septembre 2023.