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Au gré de mes sorties retrouvez mes impressions qui je l'espère vous donneront l'envie d'aller au théâtre , voir un ballet, écouter un chanteur, un concert.

Le billet de Bruno

Tableau d'une exécution

« Tableau d’une exécution » de Howard Barker dans une mise en scène d’Agnès Régolo sur la scène du théâtre La gare du midi à Biarritz, un évènement les Amis du théâtre de la côte basque, est une lumière posée sur la condition des femmes au travers des siècles.

 

Un texte puissant qui manie le verbe avec virtuosité dont les travers, les silences, en disent plus long que la parole. Une parole portée haut et fort par cette femme peintre Galactia, dont l’histoire nous bouleverse. Une histoire menée habilement dans une mise en scène fluide, dont la vingtaine de saynètes sont judicieusement ponctuées, liées par la musique de Guillaume Saurel qui tel un long fleuve tranquille nous amène à bon port. Pour compléter cette mise en scène, la scénographie modulable habillée par les lumières d’Erick Priano, permet de naviguer sur cette histoire incroyable d’une femme qui tient la dragée haute à la république vénitienne.

Une vision actuelle de la condition féminine transposée pour le besoin de l’action par l’auteur à la renaissance italienne, plus précisément à Venise, dont l’action se passe en 1571, au lendemain de la bataille de Lépante, le plus grand massacre en mer de l’histoire opposant les chrétiens et les Turcs, au large des côtes grecques. Les costumes intemporels de Christian Burle en sont les témoins.

Une condition féminine qui crie encore aujourd’hui sa revendication légitime d’égalité face à l’emprise masculine.

Le texte indémodable d’Howard Barker souligne par son âpreté sous couvert d’un humour caustique les questions que nous devons nous poser pour arriver à cette égalité, en parcourant les thèmes de la place de l’art dans nos vies, celle de la guerre dans nos sociétés déchirées, et celle du sacrifice !

Galactia, au franc-parler jouissif, maniant le pinceau aussi bien que la parole, cette accoucheuse de la peine qui se méfie de la beauté se demande : Pourquoi en vouloir aux gens quand on peut les haïr ?

Un credo ou l’ambition rivalise avec la compétition entre les artistes : rendez-vous compte une femme a été choisie parmi tout le florilège des peintres vénitiens par le doge de Venise pour exécuter un tableau, que dis-je un évènement public, à la gloire de la victoire des chrétiens sur les Turcs.

 Doit-elle se soumettre au diktat des hommes ? Doit-elle peindre la réalité ou la fiction : l’horreur, la souffrance  ou la gloire éphémère des hommes ? Doit-elle s’exécuter ? Tel est l’enjeu de son combat qui au-delà de sa vision des portes de l’enfer la fera renaître tel le Phénix.

Agnès Régolo de la Compagnie du jour au lendemain, souligne par sa mise en scène étincelante la richesse des tensions émotionnelles et psychologiques entre les personnages. Du texte elle en extrait savoureusement la complexité des relations humaines, dans un contexte ou la violence, les conflits, se mesurent à la puissance de l’Art, soulignant judicieusement la responsabilité de l’artiste face à la réalité….à nous de nous poser les bonnes questions.

La performance des comédiens est captivante, ils nous embarquent sur leur gondole qui navigue contre vents et marées, ils nous enchantent par la puissance de leurs jeux, où les émotions se dessinent sur ce champ de bataille où résonne la contemporanéité de l’exécution. Maud Narboni, exceptionnelle Galactia ; Kristof Lorion, convaincant amant ; Rosalie Comby, fille affirmée ; Nicolas Geny, intraitable doge ; Pascal Henry, cardinal sournois, et Antoine Laudet, grand amiral imbu, forment cette distribution dans une union parfaite au service d’un texte à l’énergie réconfortante.

 

« Tableau d’une exécution » sur la scène du théâtre La gare du midi à Biarritz, un évènement les Amis du théâtre de la côte basque. vu le 270325 crédit photos : Fred Saurel & Renaud Vercey

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