Béjart ballet Lausanne

 

« Béjart ballet Lausanne » avec les chorégraphies de Gil Roman et Maurice Béjart à La gare du midi à Biarritz, est un hommage personnel à celui qui a marqué le monde de la danse par ses créations visionnaires destinées à un large public.

 

Après avoir usé ses chaussons de danse sous les ailes bienveillantes du maître pendant près de trente années, Gil Roman a succédé en 2007, suivant la volonté de Maurice Béjart, à la tête du Béjart ballet Lausanne – BBL qu’il avait lui-même créé en 1987.
Il nous présente en hommage à cette passionnante, dévorante collaboration un spectacle découpé en deux parties.
Deux parties qui si elles ont en commun les danseurs, n’en sont pas moins différentes par leurs programmes.

Avec t ’M et variations…, Gil Roman a voulu créer ce ballet pour les trente ans du BBL, dix années après la disparition de Maurice Béjart, dont le patronyme est un hommage à Molière, en référence à Armande, lui qui s’appelait en fait Berger.

Un ballet contemporain sur une déclinaison de l’Amour où la musique fait partie intégrante du corps des danseurs, un cinquième membre, en synergie avec les deux musiciens Thierry Hochstätter & jB Meier qui opèrent en direct sur le plateau, dans un espace qui leur est dédié, dans des envolées saisissantes où leurs mains signent leurs pas, au mouvement près, complétée par une bande son de Nick Cave et Warren Ellis.
Cette communion, ce dialogue, donnent toute la puissance émouvante, dans une folle énergie, de ces interprétations au service de cet hommage exaltant.
Dans un rythme soutenu aux vibrations humoristiques & sensuelles habillées tout en couleur par Henri Davila, mises en valeur par les jeux de lumières, qui effleurent les corps, de Dominique Roman, une douzaine de tableaux viennent exprimer toute l’admiration, la tendresse, l’amour que Gil Roman portait à ce petit Marseillais devenu un monstre sacré de la danse, lui qui avait eu comme professeur un certain Roland Petit.

Sous un rayon de soleil, au détour d’un banc où ils se content fleurette, ils se cherchent, ils se trouvent, ils courent, avec ou sans chausson sur la tête ils volent les danseurs après leur destinée, qui dans leurs pas qu’ils soient à deux où en nombre évoquent les mots, les pages que Gil Roman n’a jamais adressés à Maurice Béjart en réponse à ses nombreuses lettres.
Des rêves, des histoires…d’amour ou d’amitié, qu’ils mettent en lumière dans une poésie étoilée, pour mieux appréhender la réalité mise en mouvement par ce chorégraphe à l’âme voyageuse, tout simplement « Deviens ce que tu es » lui avait dit Maurice Béjart.
Nos cœurs palpitent aux sons de ces percussions qui rythment la lecture de ces pages qui se tournent au fil de ce sincère témoignage allant du petit bobo par un froid matin d’hiver, révélé par le travail journalier à la barre, à l’ovation debout d’un public en délire devant une telle prestation.

Avec une technique parfaitement maîtrisée, fruit d’un travail acharné s’effaçant devant tant d’élégance, ces talentueux danseurs nous offrent, dans un équilibre fragile, un témoignage rempli de belles lumières, de belles couleurs, de belles photos, gravées dans notre mémoire, pour mieux appréhender la deuxième partie qui s’annonce festive…

 

 

Avec Béjart fête Maurice, Gil Roman a voulu en sélectionnant quelques extraits de ballets de Maurice Béjart mettre en exergue toute l’admiration qu’il lui portait dans cet héritage qu’il a légué à sa communauté et à son large public, lui qui aimait faire la fête mais pas souhaiter son anniversaire qui tombait un 1er janvier !
Dans un style plus néoclassique nos danseurs reprennent, sur une note poétique, le travail à la barre pour mieux nous éblouir avec ces pointes qui de ci de là nous donneront des frissons.
Dans un premier tableau époustouflant à l’image de sa carrière, sur la musique du 4ème mouvement de la première symphonie de Ludwig van Beethoven, c’est la magie, le génie de Maurice Béjart qui explose, qui nous transcende avec sur le plateau l’ensemble du corps de ballet de la compagnie, en communion avec son public. Tant de séries de pas, de sauts à admirer qu’il nous est impossible de suivre ce tourbillon émotionnel.

Dans une diversité de styles, des extraits de ballets à l’écriture fluide nous feront voyager dans différents univers, différents pays, toujours accompagnés de touches d’humour, venant nous faire oublier le travail de ces danseurs passionnés par leur art.
Comment ne pas être ému avec ces pas de deux pour Héliogabale sur une musique traditionnelle du Tchad interprété par Carme Andres, Antoine Le Moal, Chiara Posca & Cyprien Bouvier, ou envouté par la voix d’Elisabeth Schwarzkopf sur ce pas de deux magnétique Im chambre séparée interprété par Elisabet Ros & Paolo Randon, ou encore ne pas être enthousiasmé par cette clownerie de Rossiniana, tirée de L’Echelle de la soie de Rossini, dans un duo très joyeux à l’image de son compositeur, interprété par Kwinten Guilliams & Leroy Mokgatle.
De l’émotion aussi avec ce pas de deux incroyable, Le Dibouk,Jasmine Cammarota & Vito Pansini ne font que se croiser dans un côte à côte mystérieux, léger, en nous racontant l’histoire de The Dybbuck de Shalom Anski, un Roméo et Juliette revu et corrigé sur une mélodie populaire juive.
Beaucoup d’autres surprises viendront alimenter ce fulgurant hommage à Maurice Béjart, comme celle de ce splendide solo Und so weiter  interprété par Wictor Hugo Pedroso sur la polka Tritsch-Tratsch de Johann Strauss, ou encore celle de l’hommage à l’homme de théâtre que fut Patrice Chéreau avec la rencontre de Mishima et Eva Perón interprétée par Min Kyung Lee & Jiayong Sun.

Et pour conclure ce très bel hommage, dans un tourbillon final endiablé de couleurs et d’énergie, Gil Roman aura rejoint ses danseurs pour un dernier clin d’œil partagé avec un public conquis par tant de générosités, de talents, de beauté, dans cet art noble de la Danse.

Mille mercis à tous ces danseurs qui nous ont touchés, émus, par leur virtuosité, tout en défiant allègrement avec le sourire les lois de la pesanteur : Mari Ohashi, Frederico Matetich, Solène Burel, Javier Casado Suárez, Denovane Victoire, Masayoshi Onuki, Mattia Galiotto, Angelo Perfido, Bianca Stoicheciu, Clara Boitet, Floriane Bigeon, Emma Foucher, Oana Cojocaru, Manoela Gonçalves, Hideo Kishimoto & La compagnie.

 

« Béjart ballet Lausanne », le 24 mai 2022, à La gare du midi à Biarritz, une soirée organisée par Entractes organisations.

2 réflexions sur « Béjart ballet Lausanne »

  1. Je pense que j’adorerais ce spectacle. J’avais vu Le sacre du printemps par Maurice Béjart et c’est un souvenir magnifique, inoubliable. 😃

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  2. Oui je pense que vous aimeriez ce spectacle que j’avais eu la chance de le voir à Paris au palais des congrès en version longue avec l’inoubliable boléro de Ravel qui malheureusement ne fait plus partie du spectacle.

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