9 Novembre 2023
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« Je préfère qu’on reste ensemble » une comédie de Laurent Ruquier mise en scène par Marie-Pascale Osterrieth sur la scène du théâtre de La gare du midi de Biarritz, un évènement Entractes Organisations, une comédie qui déclenche les rires en cascade.
La belle complicité entre Michèle Bernier et Marie-Pascale Osterrieth a encore une fois payé !
Elle sait conduire cette boule d’énergie là où il faut avec juste ce qu’il faut pour emporter le public dans ses délires…très honnêtes.
Une salle pleine qui a bien réagi à la profusion des répliques qui font mouche à chaque fois de Laurent Ruquier. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il est un auteur qui sait jouer sur le fil des bons mots, distillés dans un tempo effréné.
On retrouve nos deux héros après quelques années d’absence. On les avait laissés sur la naissance de leur amour dans « Je préfère qu’on reste amis » pour les retrouver après une période d’observation qui s’est conclue par un mariage, c'est-à-dire une dizaine d’années.
Seulement voilà l’usure du couple est passée par là et ils n’ont pas échappé à cette routine qui devient au fil du temps un tue-l’amour, avec en point d’orgue l’oubli de la date de leur rencontre…pour monsieur bien sûr !
Un Valentin au prénom prédestiné qui lui a préféré son André natif…on se demande bien pourquoi…ah oui c’est vrai, ses activités précédentes d’escort préféraient cette dénomination évocatrice de bien de petits bonheurs.
Claudine a laissé derrière elle, non sans une certaine nostalgie, son activité de fleuriste avec sa boutique « La crevette rose » pour se consacrer dorénavant avec son Valentin à l’exploitation d’un karaoké qui aujourd’hui lui donne bien des regrets. Elle qui respecte leur contrat de mariage dans une fidélité sans reproche et lui qui succombe sans vergogne à la clientèle féminine qui fréquente l’établissement. Pour ainsi dire des coups de canif qui s’apparentent plus à un couteau suisse et qui ne font pas rire sa Pupuce !
Lui considère que tromper ce n’est pas céder à la tentation et elle qui lui réplique que pute un jour = pute toujours !
Mais comme Claudine le fait intelligemment remarquer, il serait plus proche d’un vieux coq fatigué qui fait chanter ses poules !
Le ton est donné sur ce combat entre deux figures aux caractères bien trempés qui vont tout au long de cette comédie très bien ficelée se jeter à la figure des reproches bien pesés pour essayer de retrouver leur complicité d’antan sans vouloir blesser l’autre, de surmonter tant bien que mal les difficultés qu’engendre la vie de couple : vont-ils y arriver ? Un règlement intérieur leur permettrait-il de triompher de cette crise ? Tel est le propos de ce match où rien ne leur sera épargné.
Beaucoup de rires, mais aussi de la tendresse dans tous ces échanges ponctués par des chansons qui tombent à point nommé dans ce dialogue riche de pages en couleurs. Comme le dit très justement Marie-Pascale Osterrieth, les chansons permettent de dire en trois minutes ce qu’il faut parfois plusieurs pages pour décrire une situation dans un roman.
Des chansons qui ne manqueront pas à chacun d’entre nous de raviver un souvenir qu’il soit positif ou négatif, et pourquoi pas d’y participer : une passion du chant partagée entre Michèle Bernier et Laurent Ruquier. La musique n’adoucit-elle pas les mœurs ?
La mise en scène énergique, musclée d’une main de fer dans un gant de velours de Marie-Pascale Osterrieth, assistée d’Hélène Chrysochoos, laisse libre cours aux joutes verbales des comédiens qui dans une très belle entente…tactile…donne toute la mesure de leurs talents dans leurs jeux chamarrés, sans produire une fausse note dans un décor de Pierre-François Limbosch éclairé par Laurent Castaingt. Michèle Bernier égale à sa réputation, est la générosité même. Elle donne sans compter pour faire vivre son personnage dans une palette de sentiments allant du rire aux larmes. Olivier Sitruk, dont je garde en mémoire son jeu fin et subtil dans « Les jumeaux vénitiens » de Carlo Goldoni aux côtés de Maxime d’Aboville campe ici un mari tête à claques mais attachant malgré tout, dans un jeu tout aussi nuancé qui se marie élégamment à celui de sa partenaire. Philippe Spiteri, le trublion qui apparaît en fin de parcours donne une note de rebondissement digne d’un soupir, rythmé par la musique de Jacques Davidovici !
Une comédie qui a enthousiasmé le public le laissant partir dans un mélange de rires, de chansons et d’émotions salutaires.
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« Je préfère qu’on reste ensemble », sur la scène du théâtre de La gare du midi de Biarritz, un évènement Entractes Organisations, dans le cadre d’une tournée d’Arts Live Entertainment. Vue le 09 novembre 2023