8 Juillet 2025
« L’amour à la menthe » d’Emmanuel Robert-Espalieu dans une mise en scène d’Anouche Setbon sur la scène du théâtre de L’Oriflamme est une plongée dans l’enfance d’un homme meurtri par un père qui sentait la menthe…
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Thierry Beccaro via le prisme d’un tableau qu’il agrémente de touches de couleurs, de sa palette confidente de ses pensées, au fil de son histoire, nous raconte son enfance cabossée par un père porté sur la boisson, mais dont il tire tout de même de ses blessures une insouciance qu’il vaporise, qu’il projette au fil de ses souvenirs.
Ça sent la menthe petite sœur, une senteur qui tout au long de ce parcours de vie viendra chatouiller nos narines pendant que Thierry Beccaro fera face à la gestuelle paternelle tout en protégeant sa sœur, servant de bouclier humain.
Des réunions de famille, où la grand-mère tiendra une place importante, les odeurs des fêtes foraines viendront parfumer une atmosphère oppressante.
La mise en scène d’Anouche Setbon avec le tableau, une idée lumineuse, pièce centrale de ce récit, qui vit comme un personnage à part entière et reçoit par ses touches de couleurs toutes les projections et les attentions de cet enfant, donne toute l’expression de son désarroi, un enfant en manque d’affection paternelle. De l’orange pour la joie, du vert, du blanc, du rose, du bleu, autant de significations de ses états d’âme, de ses souvenirs.
Un père oppresseur, certainement aimant, mais à manière, qui cogne, qui frappe, qui crie, qui fait peur, au son de son leitmotiv : pourquoi tu pleures ?
Un père rital traité de macaroni qui ne fut jamais accepté dans la famille.
Une mère défaillante dont il ne pourra plus jamais accepter d’être serré dans ses bras, une mère mise en joue par son père à la découverte de son infidélité : peut-on lui reprocher ce besoin de reconnaissance, ce besoin de vivre, ce besoin d’être une femme ? Ils sont bien loin les sourires de la photo entre sa mère et sa sœur au cri d’un père tenaillé par ses démons, elle est bien loin cette cérémonie du maquillage de sa mère…un maquillage tout en douceur, se sentir aimé…trop aimer c’est détruire…si papa avait été différent…ne jamais lui ressembler…
Ça sent de plus en plus la menthe, la cigarette…pourquoi tu pleures ? Un goût amer qu’il est difficile d’ingurgiter.
Je pleure parce que j’ai 5ans, 10 ans, 15 ans, 17 ans…je suis un ange et on a pas le droit de taper sur les anges, cela leur brise les ailes…
La scénographie épurée d’Oria Puppo, les lumières chaudes et froides de Denis Koransky et la musique avec ses tendres ritournelles de Michel Winogradoff offrent de multiples chants d’action, d’un intérieur oppressant à un extérieur ensoleillé libérateur des tensions, renforçant ainsi l’insouciance du récit agrémenté de ses parfums de rêves, cheminant entre les blessures infligées au corps et à l’âme.
Thierry Beccaro est bouleversant dans sa capacité de résilience. Dans ce récit intime, il surmonte les épreuves en se relevant pour toujours avancer vers sa destinée. Il nous offre généreusement un récit poignant où l’humour côtoie la tendresse : il est habité par cet esprit de vivre, d’aimer.
« L’amour à la menthe » sur la scène du théâtre de L’Oriflamme, à 15h50, du 05 au 26 juillet, relâche le mercredi. Vu le 080725