Le manuel de la jeune mariée 1957

«  Le manuel de la jeune mariée 1957 » de et mis en scène par Virginie Lemoine sur la scène du Théâtre Actuel, est un catalogue de bonnes intentions à diffuser entre les mains des futures mariées.

De charmantes publicités désuètes nous font patienter avant l’ouverture du rideau. Et comme nous le précise Virginie Lemoine qui paye de sa personne, toutes les recommandations du manuel dont nous allons être témoins sont authentiques !

Nous sommes à la veille du mariage de cinq femmes d’âges et de conditions sociales différentes. Dans un ballet superbement chorégraphié par Sharon Sultan, dans une scénographie fleurie de Grégoire Lemoine, avec au piano la malicieux Stéphane Corbin, elles nous introduisent en chansons les conseils ahurissants qu’elles vont devoir mettre en pratique afin d’être une bonne et digne future épouse : réputation, prévenance et amabilité en sont les conditions sine qua non pour réussir dans leurs entreprises, tout en étant à son ouvrage en souriant pour être appréciée.

Elles ont entre les mains une bible qu’elles doivent connaître par cœur.

Telle va la poule…tel va le coq, car si le coq commande le poulailler, les poules comptent les œufs !

Des recommandations qui se déclinent par chapitre : alimentation, le repas étant le ciment du couple et afin d’être toujours au top de sa forme on leur recommande de manger dix morceaux de sucre par jour ou encore boire un litre de bière et deux verres de vin par jour pour avoir une santé de fer. On leur apprendra aussi la science du thé afin de bien recevoir les convives tout en sachant rester à sa place. Rien n’est laissé au hasard : comment bien rédiger la liste de mariage, où l’amiante se répandra à volonté dans les ustensiles, ou encore le contrat de mariage qu’il ne faut pas négliger surtout pour le futur époux., tout en maintenant une maisonnée propre en la nettoyant avec de l’eau claire et du formol ! Ne surtout pas oublier de pratiquer régulièrement de la gymnastique pour être prête à toutes épreuves, tout en sachant que les occupations ménagères devraient y contribuer largement.

Et si elles veulent obtenir la médaille familiale, qu’elle soit de bronze, d’argent ou d’or, il faudra qu’elles payent de leur personne et donner à la France une belle descendance.

Un catalogue désopilant, dans un comique de situations, qui emporte le public dans des salves de rires incontrôlées !

Nous vivrons aussi un peu de tendresse, d’émotion dans ce tourbillon de bonnes intentions. Les cinq femmes, tour à tour dévotes, insoumises ou encore pragmatiques, nous exposerons comment elles en sont arrivées à se marier et avec qui. Ainsi Madeleine et Maurice, Gilberte et Philippe, Christiane et Bruno, Colette et Fernand et Marguerite et Henri, auront à cœur de mettre en œuvre les précieux conseils du manuel pour leur être inlassablement dévouées.

La mise en scène au cordeau de Virginie Lemoine, assistée de Laury André,  est vive, souriante, à la hauteur des bêtises énoncées dans ce manuel complètement farfelu. Elle témoigne d’une inventivité à mourir de rire, tout en mettant l’accent sous-jacent de la position de la femme au sein du couple, dans une critique acide, le tout mis en lumières par Mehdi Izza.

Dans un final choral, le quintet formé par Ariane Brousse, Nouritza Emmanuelian, Mathilde Moulinat, Cloé Horry et Valérie Zaccomer est absolument remarquable de dynamisme, de générosité, de drôlerie, de précision, dans une interprétation sans faille ! Elles témoignent d’une complicité à toute épreuve ponctuée par les ritournelles de Stéphane Corbin.

Une pépite de rire sous couvert de satire à ne surtout pas rater.

« Le journal de la jeune mariée 1957 », sur la scène du Théâtre Actuel, à 15h45, relâche les mardis Vu le 100725