« Le cœur n’a pas de rides » écrivait Madame de Sévigné, eh bien le texte de Loleh Bellon non plus ; sa fraîcheur, sa poésie, son universalité traversent les épreuves du temps, le rendant toujours aussi actuel.
« De si tendres liens » quel joli titre pour évoquer les relations des enfants avec leurs parents, dans le cas présent d’une mère avec sa fille.
Liens qui resteront indéfectibles quoi qu’elles disent, quoi qu’elles fassent.
Cette tendresse se cache dans ce jeu de miroirs où tour à tour la mère est l’enfant et l’enfant est la mère, leurs souvenirs, leurs blessures, leurs frustrations, leurs joies construisent le temps qui passe et alimentent la vie, vie où chacun d’entre nous y trouvera au détour d’une réplique une émotion qui lui parlera.
Christiane Cohendy est la mère, son regard pénétrant violant notre intimité et ses silences en disent plus que les sublimes répliques que Loleh Bellon a écrites. Son jeu léger et grave à la fois est d’une belle sincérité.
Clotilde Mollet est la fille, un rôle complexe qui m’a laissé de côté, je n’ai pas réussi à la suivre, sans doute son jeu et sa voix évoquant son enfance m’ont mis mal à l’aise et m’ont fait dérailler… « Enfance » également qui aurait sans doute mérité d’être un peu resserrée.
Et l’homme dans tout cela me direz-vous où est-il ? Loleh Bellon ne l’a pas esquivé même s’il n’est pas présent sur scène, la mise en scène de Laurence Renn Penel lui donne une forme de vie toute naturelle et renforce les si tendres liens de ces deux femmes.
Sa mise en scène intelligente et d’une belle fluidité est au service de ce très beau texte mettant en valeur ses deux comédiennes ; tout comme le sont la scénographie de Thierry Grand et la musique de Frédéric Gastard.
Je garderai de cette première du vendredi 24 août 2018, cette douce fragilité qui donne naissance à cette belle aventure…que je leur souhaite unie.
« De si tendres liens » au Lucernaire jusqu’au 20 octobre du mardi au samedi à 21h, dans la salle du Paradis : quoi de rêver mieux pour Loleh Bellon !