Le bracelet

« Le bracelet » une comédie d’Isabelle Mergault mise en scène par Serge Postigo sur la scène du théâtre La gare du midi à Biarritz, une programmation Entractes Organisations, un bracelet étincelant de surprises.

Isabelle Mergault à la puissance comique indéniable, a une nouvelle fois fait mouche avec sa nouvelle comédie qui déclenche les rires en cascade, pour un public heureux de participer à ses aventures. Une comédie où le rire se marie avec l’émotion dans une finesse calculée.

Au lever du rideau, c’est avec une belle vidéo de Sébastien Mizermont  et la voix de Georges Guétary sur La route fleurie que nous sommes accueillis pour une promenade champêtre, annonciatrice de légèreté, de gaîté, d’insouciance…

Mais cela vous vous en doutez ne va pas durer. Dans un salon joliment décoré par Stéfanie Jarre, assistée de Daphné Roulot, Odette, la fille, tricote pendant que sa mère se prépare à faire son jogging. Rien de plus banale que cette scène de la vie quotidienne si ce n’est qu’un ouragan se prépare à dévaster cette vie paisible. Odette avait enfoui dans sa mémoire son mari André qui purge une peine de prison pour un braquage sanglant. Pour son entourage et notamment pour leur fille Emilie, il est absent de leurs vies pour cause de profond coma provoqué par un accident de plongée sous-marine en Corée du nord.

L’heure de la vérité a sonné ! Après dix-huit années de prison André refait surface sans tambour ni trompette au grand désespoir d’Odette.

 Personne ne l’attendait, il débarque comme un chien dans un jeu de quilles, chamboulant des vies bien réglées. Une petite visite de politesse qui pourrait bien durer huit mois…car comme le nom de la pièce l’indique, il est venu chevillé avec son bracelet…électronique...symbole d’une liberté…conditionnelle…

Que faire, que dire pour faire passer la pilule ? Vont se suivre des scènes cocasses aux jeux de mots savoureux, des quiproquos, des rebondissements qui vont s’enchaîner à un rythme très soutenu où les entrées et les sorties sont d’une fluidité parfaite, le tout orchestré par la mise en scène de Serge Postigo, assisté de Lili Franck & Eric Supply. Un homme-orchestre, fin connaisseur du rythme des comédies musicales avec sa remarquable prestation dans la pièce d’Alexis Michalik « Les producteurs ».

André avec son entrée fracassante, digne d’un macho mal dégrossi, se plaint d’une choucroute de la mer qui serait à l’origine de sa mésaventure : qui croire ? Débarque dans ce capharnaüm, au même moment, recruté par la belle-mère, un soi-disant homme à tout faire en la personne de Gildas. Il s’avère être une vieille connaissance d’André, un passé commun les lie pour le meilleur et pour le pire. A la lueur de cette présence, la culpabilité d’André est remise en question ?

 Odette serait-elle la femme d’un mari innocent ? Serait-elle malgré le fait qu’elle a trouvé son équilibre avec elle-même toujours amoureuse d’André ? Des actes, des rebondissements, ponctués mélodiquement par la musique d’Hervé Devolder et les prestations d’André à l’harmonica.

Des scènes réalistes aux dialogues percutants, drôles, émouvants, qui nous rendent les personnages, tout en nuance, attachants. Une pièce qui file à la vitesse d’un éclair, où l’on ne s’ennuie pas une seconde. Une tension dramatique autour du bracelet bien développée qui aborde aux détours des non-dits la complexité des relations humaines, familiales, la confiance, la trahison, le tout sur le ton de l’humour. Un humour qu’Isabelle Mergault maîtrise sur le bout des doigts.

Une pièce servie par une unité de troupe, habillée par Aurore Pierre,  où chaque comédien passe le plat à son partenaire dans une bienveillance affichée. Yvan Le Bolloc’h est parfait dans ce rôle d’André, il apporte sa gouaille, sa générosité au personnage qu’il joue tout en nuances. Il a maille à partir avec sa fille jouée tout en fraîcheur par Ninon Moreau. Elle incarne avec justesse cette jeunesse décomplexée.

 Virginie Pradal en belle-mère est incontestablement la mouche du coche dans cette belle comédie. Une bombe comique agrémentée d’une vivacité de jeu déconcertante. Jean-Louis Barcelona dans le rôle de Gildas déclenche comme à son habitude dans les pièces d’Isabelle Mergault une cascade de rires avec aujourd’hui sa scène d’hypnotiseur. Sa bonhommie est réconfortante, c’est le Monsieur plus ! Quant à Isabelle Mergault dans le rôle d’Odette, la femme trahie, elle apporte avec son œil au regard touchant, sa douceur friponne, qui manie avec délicatesse le verbe et le jeu.

Une comédie pétillante dite de boulevard, au sens noble du terme, qui prolongera vos soirées endiablées.

« Le bracelet » sur la scène du théâtre La gare du midi à Biarritz, une programmation Entractes Organisations dans une tournée Pascal Legros Organisation. Vue le 030525 Prochaines représentations (et dernières) le 06 mai à Caudry et le 09 mai à Montluçon.