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Au gré de mes sorties retrouvez mes impressions qui je l'espère vous donneront l'envie d'aller au théâtre , voir un ballet, écouter un chanteur, un concert.

Le billet de Bruno

Le projet Marivaux

« Le projet Marivaux » d’après « La mère confidente », datée de 1735, de Pierre Carlet dit Marivaux, par la Compagnie des 400 coups, sur la scène du théâtre Le Guichet Montparnasse dans une mise en scène de Jean-Marie Ledo est un vent de liberté qui souffle sur le zéphyr des dernières heures d’une répétition prometteuse…à quelques heures de la première.

Rien ne va plus si ce n’est que la tension libératrice monte progressivement, les comédiens prennent possession de l’espace, mâchent une dernière fois leur texte, mais comble de l’agitation naissante un comédien pris dans les transports annonce un retard non défini : mais l’heure c’est l’heure et il faut bien se mettre à l’ouvrage ; le public n’attend pas !

Quel bonheur d’écouter ce langage du XVIIIe siècle où les mots avaient un sens, une valeur, une couleur, loin de tous ces auteurs qui de nos jours massacrent notre belle langue française en employant par exemple dès le début de leurs dialogues une avalanche de vulgarités…une pauvreté de la langue qui se ressent dès le plus jeune âge mais qui malheureusement fait rire !

Jean-Marie Ledo est un amoureux de Marivaux et la précision de sa mise en scène en est le témoin. Des indications toutes bêtes comme les césures ou le placement d’une virgule, d’un point d’interrogation changent tout le phrasé et le sens du propos. Il y a des valeurs avec lesquelles on ne badine pas, notamment avec les jeux de l’Amour où le hasard fait bien les choses. Surtout quand cette « comédie » - La mère confidente - peu représentée, se place dans ce qu’on appelle chez Marivaux ces « drames bourgeois » à l’instar de ces comédies dites morales où figurait - L’école des mères - écrite trois années auparavant : pièce en un acte (contre trois pour La mère confidente) dans laquelle on trouvait déjà le rapport mère fille mais sous un autre angle, un thème repris sur celui de L’école des femmes de Molière, naïveté en moins.

L’obéissance de la fille, Angélique, à sa mère Madame Argante laisse place à une relation de confidente pour mieux appréhender le tourment amoureux de sa fille auprès d’un prétendant rencontré fortuitement mais qui ne l’a pas laissé indifférente : le cœur a ses raisons que la raison ignore… Les rencontres se multiplient au grand dam de la mère qui lui préfère un homme plus installé et fortuné. Mais qu’à cela ne tienne ce jeune fougueux dont les hormones s’affolent pour la belle Angélique laisse apparaître dans sa manche un oncle fortuné, qui pourrait bien être à son dépend son sauveur. Au diable les carcans de cette société qui se libère, laissons vibrer les cœurs afin qu’ils fusionnent dans une parfaite harmonie au détriment des codes sociétaux.

Valentine Daruty dans le rôle d’Angélique prodigue l’énergie nécessaire pour un amour exclusif afin de prendre dans ses filets un Dorante fou de passion amoureuse. Anthony Longhi par sa candeur, son naturel désarment, se glisse habilement dans la peau de ce jeune prétendant en évitant les écueils qui parsèment son chemin. Des écueils tendus par une mère protectrice à travers les yeux perçants de Juliette Stevez, alias Madame Argante, qui lui préfère un homme fortuné au cœur simple, admirablement campé par Laurent Moulin à la gestuelle lente d’un félin espérant recueillir dans ses griffes sa promise. Une Madame Argante qui use du stratagème bien connu de l’espion qui se doit de rendre compte à toutes occasions : Lubin, vénal à souhait, en est digne de la fonction sous les traits de Jean-François Labourdette. Une mère confidente qui ne pourrait exister sans les stratagèmes mis en place par la mutine et enjouée Lisette, bien au fait de toutes les intrigues, qui connaît toutes les ficelles salvatrices de ces histoires d’amour contrariées mais qui Dieu soit loué finissent bien : Natacha Simic est plus vraie que nature dans l’expression de ce Marivaudage.

Une belle complicité de troupe pour un Marivaux que l’on regarde avec plaisir par l’autre bout de la lorgnette !

 

« Le projet Marivaux » d’après La mère confidente de Marivaux au théâtre Le Guichet Montparnasse, une production Le théâtre des 400 coups, les dimanches à 20 h jusqu’au 31 mars 2024. Vu le 140124

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