21 Novembre 2024
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« Le bois dont je suis fait » de Julien Cigana et Nicolas Devort dans une mise en scène de Clotilde Daniault sur la scène du théâtre Le Colisée à Biarritz, un évènement Amis du théâtre de la côte basque, est une épopée familiale marathonienne.
Il n’y a point de tableau plus charmant que celui de la famille. Jean-Jacques Rousseau L’amour d’une famille, le centre autour duquel tout gravite et tout brille. Victor Hugo
Ces deux citations résument à elles seules ce que vous ont concocté les deux compères de vie et de scène.
Julien Cigana, Nicolas Devort et Clotilde Daniault : un trio fantastique d’équilibristes qui se connaît parfaitement pour sublimer au geste et à la parole le moindre détail qui souligne une histoire familiale menée à la vitesse de l’éclair ; tant le faux pas est impossible au risque de détruire le fragile édifice de cette famille qu’on admire, qu’on déteste, qu’on dévore au moindre soubresaut.
Sur un plateau nu défini par un carré au contour blanc et de deux tabourets rouges, Mireille, la mère, à l’aube de sa mort a réuni ses hommes : Jacques le père, Stanislas et Tristan ses fils, pour le week-end de Pâques autour du gigot de sept heures. Ceci dans le but de réconcilier ses hommes afin de partir le cœur en paix sur les vagues d’un océan bleu où elles vont et viennent comme les rapports tendus d’une famille lambda.
Rassurez-vous, ce n’est pas un conte tragique auquel on assiste, mais à un tableau haut en couleurs servi par deux comédiens qui maîtrisent sur le bout des doigts leur art ! Deux comédiens complices que j’avais très appréciés dans Dans la peau de Cyrano (cliquez) et La valse d’Icare (cliquez) pour Nicolas Devort et La vie trépidante de Brigitte Bataille (cliquez) Julien Cigana. Deux comédiens qui en une fraction de seconde, par un geste, une attitude, une intonation, changent de personnage sous nos yeux captivés par tant de vélocité.
Clotilde Daniault qui a mis en scène à maintes reprises Nicolas Devort, ajoute sa touche féminine dans ce duo aux hormones exacerbées : sa mise en scène au cordeau, léchée par les lumières de Philippe Sourdive, apporte une sensibilité, une émotion palpables qui soufflent un vent de fraîcheur dans cette atmosphère lourde de tensions ; où le rapport parent-enfant, toute génération confondue, tient le haut du pavé.
Nicolas Devort est très touchant dans le rôle de Mireille ; il représente tout en finesse cette mère remplie d’amour pour les siens qui souhaite partir en paix, loin des conflits de ses hommes, contrebalancé par le rôle d’Ernest, le grand-père, qui dans une belle touche d’humour donne de la couleur à cette épopée familiale grisonnante.
Quant à Julien Cigana dans le rôle de Jacques, le frère dépassé par les évènements, il est la cheville ouvrière qui se fait dépasser par sa propre famille, avec sa femme Roxane enceinte, prête à accoucher, et leur fils Pierre. Tant de rôles qu’il joue avec la flamme d’un comédien épanoui.
Dans une simplicité, une délicatesse, une justesse et une inventivité renversantes, leurs yeux brillent, leurs mains caressent, tels des danseurs bondissants de personnage en personnage, de lieu en lieu, pour interpréter les membres de cette famille qui a bien du mal à communiquer sereinement, au service de dialogues percutants, aux phrasés qui donnent sans fioritures juste l’intention qu’il faut.
Le rire se conjugue à l’émotion, à la poésie, pour peindre cette fresque familiale qui mérite votre attention. Une fresque qui a vu le jour en 2016 et qui ne vieillit pas, au contraire elle se bonifie d’année en année.
« Le bois dont je suis fait » sur la scène du théâtre Le Colisée à Biarritz, un évènement Amis du théâtre de la côte basque. Vue le 211124 prochaines représentations : le 22 novembre à 20h30 Le Colisée Biarritz, le 21 mars à Pujaut (84) et du 10 au 18 mai à San Francisco (USA)