2 Décembre 2024
« Judith Magre dit Baudelaire aux côtés d’Olivier Barrot » sous le regard bienveillant de Thierry Harcourt sur la scène du Théâtre de Poche-Montparnasse, un voyage voluptueux à la complicité généreuse entre deux personnes éprises de belles lettres.
Un dialogue instructif sur fond d’une vingtaine de poèmes de Charles Baudelaire déclamés avec enthousiasme, perspicacité par l’immense Judith Magre, qui nous étonnera toujours. Pierre Note, il y a quelques années, dans ce même théâtre, l’avait interrogée sur son jeu, ses passions. Aujourd’hui toujours avec son œil malicieux et sa voix chaude, amoureuse, elle qui a côtoyé Aragon, Beauvoir, Sartre ou encore Giacometti, nous dévoile avec délicatesse le lien qui la lie depuis sa tendre enfance avec Charles Baudelaire.
Les fleurs du mal furent pour Judith Magre sa lecture clandestine, un ouvrage volé dans la bibliothèque familiale. Ce soir avec jubilation, dans une musique qui est sienne, elle nous partage son amour pour ces poèmes de Charles Baudelaire tout droit venus des Fleurs du mal, de Spleen à Enivrez-vous, avec pour cadeau final Les petits poèmes en prose.
Un dialogue instructif avec Olivier Barrot dont les explications sur les choix de lecture, la musique des vers sont une invitation au voyage passionnante ; tout comme il savait nous captiver avec son magazine télévisé Un livre, un jour.
Il n’a pas son pareil pour cibler les anecdotes qui mettent en valeur les poèmes récités avec la mémoire incroyable de Judith Magre. Il nous livre au détour d’un poème le lien qui lie Charles Baudelaire avec les artistes contemporains de son œuvre, aux noms de Flaubert, Gauthier, Rimbaud, Courbet, Manet, pour les plus connus. Comment ne pas être sensible à ce recueil dont la parution en 1857 fut condamnée pour outrage à la morale. Censure, un mot à la mode qui fut contournée par une version expurgée en 1861 avec Les paradis artificiels.
Charles Baudelaire, un poète torturé, inventeur de formes poétiques, comme l’anaphore, dont le romantisme continu aujourd’hui à nous émouvoir, comme ce poème où le spleen se conjugue avec l’idéal de beauté baudelairien : A une passante, un poème que j’affectionne particulièrement qui illustre la beauté de son œuvre.
N’oublions pas son intérêt, son enthousiasme, enivrés par les effluves de l’opium, pour sa découverte du poète américain Allan Edgar Poe dont il fut le traducteur, comme par exemple : Histoires extraordinaires ou encore Histoires grotesques et sérieuses.
Un moment magique mis en valeur par la main de velours de Thierry Harcourt et éclairé par Dorian Mahjed-Lucaspour pour un dialogue complice mettant en exergue l’art poétique d’un homme à la destinée tragique qui laissa à la postérité une œuvre qui annonce la littérature moderne.
Laissez-vous porter par cette invitation au voyage dont Judith Magre a le secret. Un moment inoubliable de poésie qu’il faut partager avec cette immense actrice.
« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. »
« Judith Magre dit Baudelaire aux côtés d’Olivier Barrot » sur la scène du Théâtre Poche-Montparnasse, les lundis à 19h. vu le 02 décembre 2024