Ahouvi

« Ahouvi » de et mise en scène par Yuval Rozman sur la scène du Théâtre Quintaou à Anglet, une programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain, est le maillon d’une quadrature et d’une relation amoureuse entre les deux entités que sont la France et Israël.

Ahouvi qui signifie « mon amour » en hébreu est le troisième volet de la Quadrilogie de ma terre que l’auteur aborde dans un conflit entre l’ordinaire et le merveilleux, entre la passion et le dérisoire.

Un amour exploité sous toutes ses formes pour un auteur particulièrement programmé dans cet univers qui le dépasse.

Un couple formé par une Israélienne Tamar, née à Jérusalem, et un Français d’origine marseillaise, Virgile, va sous nos yeux revivre leur histoire d’amour…qui finit mal…comme le chantaient si bien Les Rita Mitsouho.

Dès les premières minutes, sous forme d’une comédie musicale, leur histoire revit dans l’énergie de la folie d’une première rencontre, dans un bar, où leurs sens entrent en ébullition…tout n’est qu’ordre, luxe, calme et volupté…jusqu’à ce que le volcan entre en éruption.

Les yeux du chien Ookad qu’ils ont adopté, oasis de rire, de liberté, d’amour, se transforment en caméra et nous captent dans le détail leur relation chaotique où la violence et la destruction de leur étreinte vont cheminer tranquillement jusqu’à l’inexorable. Sans oublier le maillon faible, celui de la femme, Roxanne, qui revient dans la vie de Virgile et qui sème au gré du vent ses graines d’amour et de doute autour de leur couple.

Dans le processus du quotidien de la vie d’un couple, nous les suivons, les découvrons, de Giverny à un pique-nique qui tourne dans sa marche à la querelle, lors d’une soirée télé où le canapé est témoin d’un dialogue qui s’emmêle dans une digression épique : l’anecdotique parfaitement maîtrisé par l’auteur qui supplante à première vue le cocasse des situations.

Israël – France, ce duo peut-il fonctionner ? Peut-il transgresser l’impensable ? Peut-il surmonter les obstacles d’un parcours semé d’embûches ? Est-il voué à l’échec ? La géopolitique n’est jamais très loin…

Un cycle de la vie, de l’amour, où l’alpha et l’oméga, le yin et le yang, se conjuguent, s’enlisent, dans une parfaite harmonie dévastatrice. Dans une finesse de mots d’amour choisis, où le cru converse avec le sensuel, en équilibre sur le fil de la vie, Yuval Rozman de sa fragile intimité nous livre sans fausse pudeur une fraction de sa vie d’expatrié, voulue par un arrachement à sa patrie. Sa mise en scène, au dispositif quadri frontal, se veut colorée, faussement décousue, elle jongle avec le possible et l’impossible, tiraillée entre l’amour et le désamour, diluée jusqu’à la dernière note avec ce couple de personnes âgées qui quitte la scène…

En définitif : qu’est-ce que l’Amour ? Quelle est sa fonction ? Comment rebondir après un échec ? Est-on prisonnier de son propre ennemi ?

Stéphanie Aflalo dans le rôle de Tamar nous irradie par sa présence, sa joie de vivre, sa ponctuation intime de l’histoire de son couple, Gaël Sall est l’homme passionnant à la luni-solarité, à la recherche de l’amour, d’un équilibre et Roxanne Roux dans le rôle de Roxanne vient dans une espièglerie assumée pimenter cette histoire aux multiples tiroirs, sans oublier le chien, le liant de ce soufflé qui ne parviendra pas à rester au sommet de sa forme.

« Ahouvi » sur la scène du Théâtre Quintaou à Anglet, une programmation la Scène nationale du Sud-Aquitain de la Compagnie Inta Loulou, prochaines représentations : mercredi 22 et jeudi 23 janvier à 20h. vue le 210125