Terairofeu

« Terairofeu » dans une conception et une mise en scène de Marguerite Bordat & Pierre Meunier, de la compagnie La Belle Meunière, sur la scène du Théâtre Quintaou à Anglet, une programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain, est une vision de notre monde au travers du prisme des enfants.

Terairofeu : la raison de notre existence sur cette planète se qualifie par les quatre éléments qui nous font vivre : la terre, l’air, l’eau et le feu.

Au commencement il y a le clown blanc tout vêtu de noir, tenant à la main un rouleau de Gaffa et qui énumère les consignes à respecter pendant le spectacle. Pas du tout commode le clown, il s’impatiente, il tacle les retardataires, il déambule sur un terrain vague, au sol vêtu de noir, où divers déchets s’amoncèlent tels des poubelles en plastique, des sacs plastiques, un jerrican…

On se croirait dans une série noire où un drame va se produire…

Depuis un dispositif tri-frontal, assis sur des bancs, va se jouer devant nous un drame certes à nos yeux d’adultes, mais un terrain de jeux pour les enfants, inconscients ou conscients du monde dans lequel on vit. Deux enfants, une fille et un garçon, apparaissent sur ce terrain vague, libres des contraintes parentales, et dans une communion avec le public, surtout les enfants assis au premier rang, ils vont exploser de joie à la conquête de cet espace dans lequel ils vont laisser libre cours à leur imagination.

 Ramassage des déchets, jouer avec eux, leur donner vie, à la recherche de trésors…où des salopettes apparaissent, costumes pour jouer aux grands.

Que l’on soit bien portant ou handicapé, dans un langage universel d’onomatopées et de borborygmes, qui enthousiasme entre autres le jeune public, ils mettent en scène la danse du sac, ils découvrent dans leurs âmes d’enfants l’écho dans une communication avec les poubelles. Leur imagination débordante les fait naviguer sur un voilier, par gros temps, où les voiles poussées par des anneaux de fumée les font naviguer au son du cri du perroquet et de la mouette.

Dans des acrobaties et des jonglages dignes d’un spectacle circassien, ils font une démonstration très poétique de leurs capacités physiques à réaliser des cascades où les poubelles s’envolent tout en émerveillant un public très attentif. Ils nous associent aux sensations qu’ils éprouvent à jouer avec les quatre éléments qui jonchent leur parcours initiatique sur ce terrain vague pourvoyeur de beaucoup de surprises…

Une belle réflexion sur l’enfance dans sa rêverie la plus simple, la plus anodine, tout en faisant passer consciemment le message que notre planète est polluée, qu’il faut la chérir, la préserver, si l’on veut éviter la propagation des incendies, des tremblements de terre, des inondations : si l’on veut continuer à bénéficier des quatre éléments : la terre, l’air, l’eau et le feu, indispensables à notre survie.

Un spectacle très inventif à l’optimisme sous-jacent, construit sur un esthétisme bien étudié où la partie sonore se conjugue superbement avec la partie visuelle dans une proximité qui permet une communication des artistes avec le public friand de leurs bêtises.

La mise en scène ludique de Marguerite Bordat & Pierre Meunier est très créative, ils ont su exploiter habilement un défaut pour en faire une qualité dans une philosophie accessible à tous les publics, laissant libre cours à notre imaginaire, à notre âme d’enfant.

Louison Alix et Simon Anglès incarnent à la perfection ces deux enfants livrés à eux-mêmes, inventant des sensations enfantines au contact des éléments. Leur spontanéité et leur complicité de jeu sont jubilatoires. On oublie que ce sont deux adultes qui jouent deux enfants tellement leur naturel d’interprétation est d’une fraîcheur stimulante. Sans oublier Morgan Romagny aux régies, le clown blanc, qui leur est d’une précieuse aide pour mettre en œuvre toutes leurs bêtises.

« Terairofeu » sur la scène du Théâtre Quintaou à Anglet, une programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain. Vu le 180525 Prochaines représentations, Théâtre Quintaou : le 19 mai à 10h et 14h30, le 20 mai à 10h et 14h30