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Au gré de mes sorties retrouvez mes impressions qui je l'espère vous donneront l'envie d'aller au théâtre , voir un ballet, écouter un chanteur, un concert.

Le billet de Bruno

On achève bien les chevaux

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« On achève bien les chevaux » d’après le roman « They shoot horses, don’t they ? » d’Horace McCoy, dans une adaptation et une mise en scène de Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro, sur la scène de la Salle Lauga de Bayonne dans le cadre d’une culture ensemble entre La Scène nationale du Sud-Aquitain et le festival Le temps d’aimer la danse, est une course poursuite contre la montre de la perte de son âme pour quelques dollars…

 

Comment pouvons-nous percevoir aujourd’hui ce que ces désespérés de la grande dépression des années 30 ont subi pour subsister dans ce monde où tout leur échappe ? Jusqu’où serions-nous capables d’aller, de nos jours, pour sortir de cette misère toujours actuelle pour beaucoup de nos compatriotes ?

Au-delà de cette réflexion naturelle, c’est à un spectacle, à un marathon de la danse reconstitué que nous allons le temps d’une pause, observer ces comédiens, musiciens et danseurs dans un mélange admirable des arts : le théâtre, la musique et la danse. Le tout en direct sous nos yeux ébahis devant une telle performance dont les pas glissent sur le plancher comme les notes et les paroles s’envolent dans une ambiance survoltée.

Nos trois metteurs en scène, Bruno Bouché avec ses danseurs du Ballet de l’Opéra national du Rhin, Daniel San Pedro et Clément Hervieu-Léger de la Compagnie des Petits Champs ont fusionné, sans esprit de domination, la passion de leur art pour ne faire qu’un ; un peu comme du temps de Molière où il y avait une combinaison dans ses créations pour titiller le spectateur, éveiller sa conscience, ne pas se fondre dans un moule sclérosant, disposant ainsi de son propre libre arbitre.

Certes la vision de ce « monde » qui nous est donné de regarder est bien sombre, mais ne serait-ce pas une proposition pour nous épancher sur une réflexion de la nature humaine avec ses travers, qui pour ceux qui ont lu le roman ou vu son adaptation au cinéma par Sydney Pollack avec son affiche est plus qu’explicite…

Au loin un bruit de rame de métro, de sirène, commence à nous mettre dans l’ambiance de cette arène prête à recevoir ces couples de gladiateurs de la piste, ces désespérés de la vie qui auront le temps d’un tour de piste la possibilité d’être au chaud, de pouvoir boire et manger, et par chance gagner quelques dollars, pour une prestation qui leur procurera sans ménagement des cris, des larmes, un effort physique intense à la limite de l’effondrement. Ce qui sera malheureusement le cas pour beaucoup d’entre eux. Car compétition oblige, un seul couple gagnant sera élevé au pinacle d’une gloire éphémère, mais rétribuant.

Un couple se détachera du lot, Gloria, dossard n°3 (Clémence Boué à l’intensité dramatique saisissante) et Robert, dossard n°21 (Josua Hoffalt l’équilibriste de la pensée), pour mettre en exergue cette machiavélique supercherie orchestrée diaboliquement par l’auguste Daniel San Pedro dans le rôle de Socks, laissant croire que son âme peut être vendue pour quelques dollars. Des dollars qui permettent de subsister dans ce monde individualiste, où chacun est prêt à écraser l’autre sans scrupules pour accéder au sommet de la pyramide, déclenchant sous l’œil attentif du spectateur friand de ces altercations, des bagarres générales.

Les jours et les heures s’égrènent joyeusement devant nous simples spectateurs, avides de sensationnel, à tel point que pour renforcer l’intérêt de ce spectacle, de le rendre encore plus populaire, attractif, de le fidéliser, est de le corser en y ajoutant quelques nouvelles règles qui satisferont le spectateur mais qui épuiseront intensément les danseurs, comme par exemple le derby avec ses 85 tours de piste à en perdre la raison dans tous les sens du terme, ou encore l’ajout de figures imposées financées par le spectateur lui-même, qu’elles soient en solo ou en duo : il faut bien trouver l’argent quelque part pour payer les primes, l’argent ne tombe pas du ciel surtout en période de crise. Un peu comme aujourd’hui avec toutes les personnes qui envoient en réponse à des jeux télévisés ou radiophoniques des SMS espérant gagner un hypothétique lot mais qui surtout financent d’une façon transparente le gros lot du vainqueur.

Quelques moments de repos permettront aux danseurs de dormir, de se raser, de se coiffer ou bien encore de se laver les dents, mais quelle que soit l’utilisation de ce temps de repos, son seul but est de récupérer son souffle pour pourvoir continuer encore et encore de fouler cette piste de danse infernale aux multiples rebondissements.

42 artistes sur scène : où vont-ils trouver cette énergie qu’ils déploient devant nous avec un sourire désarmant ? Car je vous l’assure, il s’agit bien d’un marathon que ces artistes courent devant un public très attentif à leurs déboires : ne rit-on pas du malheur des autres ?

Ils sont tous impressionnants de sincérité dans la justesse de leurs jeux, d’implication dans cette trame romanesque réglée par une mise en scène au cordeau, ne laissant pas la place à l’improvisation, même si cela peut en donner l’impression. C’est ce qui fait la force de ce spectacle à la cohésion parfaite, dans un amour d’interpréter chacun à sa façon sont art pour lequel il vit. Un théâtre-danse de haute voltige, aux figures impressionnantes, pour lesquelles la moralité viendra y jeter son grain de sel…ah ces Américains…

Une distribution à couper le souffle dans une interprétation sans faille qui nous laisse le temps de la réflexion sur notre propre sens de notre vie : par ordre d’entrée en scène : Luca Besse, Stéphane Facco, M’hamed El Menjra, Noé Codjia, David Paycha, Maxime Georges, James Marin Delavaud, Juliette Léger, Pierre Doncq, Muriel Zusperreguy, Louis Berthélémy, Deia Cabalé, Julia Weiss,  Marwik Schmitt, Claude Agrafeil, Audrey Becker & Hénoc Waysenson, Susie Buisson & Jean-Philippe Rivière, Noemi Coin & Erwan Jeammot, Ana Enriquez & Pierre-Émile Lemieux-Venne, Brett Fukuda & Miquel Lozano, Di He & Rubén Julliard, Marta Dias & Jesse Lyon, Nirina Olivier & Avery Reiners, Leonora Nummi & Cedric Rupp, Alice Pernão & Cauê Frias, Dongting Xing & Ryo Shimizu et Lara Wolter & Alain Trividic.

 

« On achève bien les chevaux » sur la scène de la Salle Lauga de Bayonne, le 09 septembre 2023. Représentation supplémentaire le dimanche 10 septembre à 17h.

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